Le club lecture, réuni à la Maison des Associations, a sélectionné quelques ouvrages (février 2022)
(est joint pour chaque ouvrage le résumé de quatrième de couverture).
Michel BUSSI : N’oublier jamais (Pocket)
"Ça va mademoiselle ? répéta-t-il. Elle tourna vers lui. Il avança. Les herbes hautes montaient jusqu'à mi-jambe et il se fit la réflexion que la fille n'avait peut-être pas aperçu la prothèse fixée à sa jambe gauche. Il se trouvait maintenant face à elle. Dix mètres. La fille s'était encore approchée du précipice, le dos offert au vide.
Elle avait beaucoup pleuré, mais la fontaine semblait tarie. La maquillage autour de ses yeux avait coulé, puis séché. Jamal eut du mal à ordonner les signes contradictoires qui se bousculaient dans sa tête. Le danger. L'urgence."
Il court vite, Jamal, très vite. A cause de sa prothèse à la jambe et autres coups du sort, il a un destin à rattraper et l'ambition de devenir le premier handicapé à réaliser l'une des courses d'endurance les plus ardues du monde, l'Ultra-Trail du Mont-Blanc. Parti s'entraîner, ce matin de février, sur la plus haute falaise d'Europe, il a d'abord remarqué l'écharpe rouge accrochée à une clôture ; puis la vision d'une femme, incroyablement belle, les yeux rivés aux siens, prête à sauter dans le vide. Ils sont seuls. Le temps est suspendu. Ultime recours, Jamal lui tend l'écharpe, mais la femme bascule.
Quelques secondes plus tard, sur les galets glacés de la plage déserte, Jamal trouve le corps inerte de l'inconnue, un filet de sang qui s'échappe du crâne. A son cou, l'écharpe rouge. Ceci est la version de Jamal.
La vraie ?
Marie-Paul ARMAND : La fille du maître brasseur (Les Presses de la Cité)
Dans la région de Douai, Marianne est la fille du très respecté maître brasseur du village. Son père s'enorgueillit d'appartenir à une dynastie de brasseurs remontant à la Révolution française. Mais Marianne souffre de la complicité qui unit son frère et son père, soudés par la passion de leur métier. La mort de sa mère à l'aube de l'Occupation va faire basculer le destin de toute la famille...
La sensibilité de Marie-Paul Armand s'exprime à travers une écriture authentique et juste, au plus près du quotidien de ces " petites gens " du Nord qu'elle a su, comme nul autre, décrire.
Ce roman posthume inachevé est enrichi d'une documentation inédite et préfacé par une grande dame du Nord, Line Renaud.
Valérie PERRIN : Les oubliés du dimanche (Le Livre de Poche)
Faute de connaître son histoire. Justine, vingt et un ans, se passionne pour celle d'Hélène, pensionnaire, presque centenaire, de la maison de retraite où la jeune femme est aide-soignante. Sa vie est un roman: sa rencontre avec Lucien en 1933, leur amour, la guerre, le juif Simon planqué dans la cave, la trahison, la Gestapo, la déportation... Justine extorque peu à peu à la vieille dame de lourds secrets et finit par affronter ceux de sa propre famille.
Hélène GESTERN : 555 (Arléa)
C’est en défaisant la doublure d’un étui à violoncelle que Grégoire Coblence, l’associé d’un luthier, découvre une partition ancienne.
A-t-elle été écrite par Scarlatti, comme il semble le penser ? Mais, à peine déchiffrée, la partition disparaît, suscitant de folles convoitises. Cinq personnes, dont l’existence est intimement liée à l’œuvre du musicien, se lancent à la recherche du précieux document sans se douter que cette quête éperdue va bouleverser durablement leur vie.
Domenico Scarlatti, compositeur génial aux 555 sonates, est le fil conducteur de ce roman musical. Sa musique envoûtante en est la bande sonore.
Catherine HERMARY-VIEILLE : Les exilés de Byzance (Albin Michel)
Byzance, 1453. Des soldats turcs envahissent la ville sous l'égide de leur sultan Mehmet II. Deux frères sont séparés pendant l'assaut. Nicolas et sa femme s'enfuient vers la Russie tandis que Constantin rejoint Alep.
Michel BERNARD : Les bourgeois de Calais (La Table Ronde)
Le monument des Bourgeois de Calais – hommage à l’héroïsme de six riches habitants qui se livrèrent au roi d’Angleterre à l’issue d’un long siège, au début de la guerre de Cent Ans, pour que soient épargnés leurs concitoyens – exerce une fascination universelle. De cette bouleversante chorégraphie de bronze, il existe douze exemplaires dans le monde : à Calais, Paris, Copenhague, Mariemont en Belgique, Londres, Philadelphie, Bâle, Washington, Tokyo, Pasadena, New York et Séoul.
Ils n’y seraient pas si un homme, Omer Dewavrin, notaire, maire de Calais en 1884, n’avait décidé de confier à un sculpteur alors inconnu la réalisation du monument pour la ville portuaire et industrielle en pleine expansion. L’œuvre, dont l’installation était prévue lors du centenaire de la Révolution française, ne fut inaugurée que dix ans après la commande, en 1895.
Les Bourgeois de Calais est le roman de la création de ce groupe statuaire, où un bourgeois du XIXe siècle finissant mena à son terme, avec le soutien de sa femme, un projet allant contre le goût académique, contre ses propres habitudes et celles de son milieu, en dépit des controverses historiques et des luttes politiques entre radicaux et conservateurs, malgré une crise financière et une épidémie de choléra.
Roman, aussi, de l’amitié entre deux hommes – un sculpteur à la poursuite de l’inconnu et un bourgeois de son époque –, Les Bourgeois de Calais raconte le coup de foudre de ce dernier pour l’artiste dont il devina le génie, l’obligeant à aller au bout de lui-même.
David FOENKINOS : Numéro deux (Gallimard)
« En 1999 débutait le casting pour trouver le jeune garçon qui allait interpréter Harry Potter et qui, par la même occasion, deviendrait mondialement célèbre.
Des centaines d’acteurs furent auditionnés. Finalement, il n’en resta plus que deux. Ce roman raconte l’histoire de celui qui n’a pas été choisi. »
Caroline ELIACHEFF : Ma vie avec la comtesse de Ségur (Gallimard)
En imaginant un va-et-vient entre la trajectoire et l’œuvre de la comtesse de Ségur, sa propre expérience de psychanalyste et sa vie personnelle, Caroline Eliacheff nous fait redécouvrir une auteure en avance sur son temps. Une femme engagée, qui a sans relâche défendu la cause des enfants et épinglé les parents maltraitants. Une pionnière dans la compréhension des plus jeunes, dont les intuitions se sont trouvées confirmées par les théories psychanalytiques, de Freud à Françoise Dolto. Et bien sûr la romancière à succès qui a formé des générations de lecteurs : des Malheurs de Sophie au Général Dourakine en passant par François le bossu et Un bon petit diable, les écrits de la comtesse hantent notre imaginaire collectif. La famille, l’éducation, la féminité, l’héritage et la transmission sont au cœur de ces pages délicates.
Milena AGUS : Une saison douce (Liana Levi)
Dans un petit pays à l'intérieur des terres sardes, le Campidanese, rendu à la monoculture d'artichaut et aux mauvaises herbes, la vie des habitants se déroule sans trop de secousses, à l'abri des murs gris ciment des maisons rénovées. Un pays « perdu », sans plus aucune vocation, comme échoué, oublié du monde qui l'entoure. Jusqu'à ce qu'arrivent « les envahisseurs » : une poignée de migrants venus de loin et de volontaires qui les accompagnent, censés s'installer dans le Rudere, une maison abandonnée ouverte à tous les vents. Tout le monde est déconcerté, paysans et envahisseurs : « Ce n'est pas le bon endroit », répète-t-on dans les deux camps - l'un s'effraie d'une telle nouveauté tombée du ciel, l'autre se sent catapulté dans ce « coin perdu » où les trains ne s'arrêtent plus. Mais la vie, même quand elle semble glisser dans l'absurde, est toujours ouverte à l'avenir, dans un éternel « faire, défaire et refaire ». Et en cette saison imprévisiblement douce, grâce à cette étrange assemblée humaine, les potagers commencent à donner, le Rudere à se peupler et les émotions à se partager.
Serge JONCOUR : Nature humaine (J’ai Lu)
La France est noyée sous une tempête diluvienne qui lui donne des airs, en ce dernier jour de 1999, de fin du monde. Alexandre, reclus dans sa ferme du Lot où il a grandi avec ses trois sœurs, semble redouter davantage l’arrivée des gendarmes. Seul dans la nuit noire, il va revivre la fin d’un autre monde, les derniers jours de cette vie paysanne et en retrait qui lui paraissait immuable enfant. Entre l’homme et la nature, la relation n’a cessé de se tendre. À qui la faute ?
Dans ce grand roman de « la nature humaine », Serge Joncour orchestre presque trente ans d’histoire nationale où se répondent jusqu’au vertige les progrès, les luttes, la vie politique et les catastrophes successives qui ont jalonné la fin du XXe siècle, percutant de plein fouet une famille française. En offrant à notre monde contemporain la radiographie complexe de son enfance, il nous instruit magnifiquement sur notre humanité en péril. À moins que la nature ne vienne reprendre certains de ses droits…
Leïla SLIMANI : Regardez-nous danser (Gallimard)
« Année après année, Mathilde revint à la charge. Chaque été, quand soufflait le chergui et que la chaleur, écrasante, lui portait sur les nerfs, elle lançait cette idée de piscine qui révulsait son époux. Ils ne faisaient aucun mal, ils avaient bien le droit de profiter de la vie, eux qui avaient sacrifié leurs plus belles années à la guerre puis à l’exploitation de cette ferme. Elle voulait cette piscine, elle la voulait en compensation de ses sacrifices, de sa solitude, de sa jeunesse perdue. »
1968 : à force de ténacité, Amine a fait de son domaine aride une entreprise florissante. Il appartient désormais à une nouvelle bourgeoisie qui prospère, fait la fête et croit en des lendemains heureux. Mais le Maroc indépendant peine à fonder son identité nouvelle, déchiré entre les archaïsmes et les tentations illusoires de la modernité occidentale, entre l’obsession de l’image et les plaies de la honte. C’est dans cette période trouble, entre hédonisme et répression, qu’une nouvelle génération va devoir faire des choix.
Regardez-nous danser poursuit et enrichit une fresque familiale vibrante d’émotions, incarnée dans des figures inoubliables.