Le club lecture, réuni en visioconférence, a sélectionné quelques ouvrages (janvier 2021)

Publié le par universite-d-anchin

Est joint pour chaque ouvrage le résumé de quatrième de couverture.

Boubacar Boris DIOP : Murambi, le livre des ossements (Zulma)

Construit comme une enquête et un réquisitoire, avec une extraordinaire lucidité, le roman de Boubacar Boris Diop nous éclaire sur l'ultime génocide du XXe siècle mieux que tous les essais et témoignages.
Avec une sobriété d'un classicisme exemplaire, l'auteur expose les faits, ses rouages et ses ressorts cachés : quelques personnages en situation, avant, pendant et après le génocide, se racontent et se croisent, s'aiment et se confessent.
Jessica, la miraculée qui sait et comprend du fond de son engagement ;
Faustin Casana, membre des Interahamwe ;
le docteur Joseph Karekezi, notable hutu naguère modéré, qui organisa et coordonna le massacre de Murambi ;
le colonel Etienne Périn, officier de l'armée française; Cornelius Karekezi enfin, qui, de retour au pays quatre ans après le drame, découvre l'épouvantable responsabilité de son père.
En vrai romancier, Boubacar Boris Diop nous interdit les faux-fuyants qui voudraient folkloriser les drames africains pour mieux les oublier.
En "raconteur d'éternité", avec toute la rigueur d'un talent sans faille, il nous oblige à regarder en face notre réalité, qu'on voudrait sauve de tout autre désastre humain.

Annick COJEAN : « Je ne serais pas arrivée là, si… » (Grasset)

« Je ne serais pas arrivée là si… Quelques mots anodins qui posent une question vertigineuse. Qu’est-ce qui m’a faite, défaite, marquée, bouleversée et sculptée ? Quel hasard, rencontre, accident, trait de caractère, lecture, don, peut-être aussi quelle révolte, ont aiguillé ma vie ? Quelle joie m’a donné des ailes ? Ou peut-être quel drame ? A moins qu’il m’ait dévastée, qu’il m’ait fallu me battre, plonger et rebondir. Ai-je poursuivi un rêve ? Des anges ont-ils veillé sur moi ? Et mes parents ? Quel fardeau ou quelle chance ? Oui, comment se construit une vie ?
A 25 femmes magnifiques, j’ai lancé ce petit bout de phrase, et 25 ont accepté de la poursuivre. Juliette Gréco et Christiane Taubira, l’une haïe par sa mère, l’autre galvanisée par sa mémoire. Virginie Despentes et Amélie Nothomb. Patti Smith et Marianne Faithfull. Agnès b. et Claudia Cardinale. Joan Baez et le rabbin Delphine Horvilleur. L’écrivaine turque Asli Erdogan et l’actrice britannique Vanessa Redgrave. La pianiste Hélène Grimaud, la maire de Paris Anne Hidalgo, l’avocate et prix Nobel iranienne Shirin Ebadi, la féministe Eve Ensler, les comédiennes Nicole Kidman et Dominique Blanc…
Elles se racontent avec une sincérité bouleversante. Quels ont été leurs principaux ressorts ? Qu’ont-elles appris de la vie? Et que peuvent-elles partager avec les jeunes filles qui les liront et qui, elles aussi, ont bien l’intention d’imposer leur voix dans un monde dont les règles sont forgées par les hommes ? Ce livre se voudrait inspirant pour toutes les femmes.
Et parce que l’interview est un exercice à deux, basé sur l’échange – de regards et de confidences –, l’intervieweuse est contrainte de s’interroger. Je ne serais pas arrivée là… si je n’avais eu une maman incroyable d’amour et de tendresse, de vitalité et d’optimisme. C’est évidemment à elle que je dédierai ce livre. »

Isabelle CARRE : Du côté des Indiens (Grasset)

« Il s’est trompé, il a appuyé sur la mauvaise touche, pensa aussitôt Ziad. Il ne va pas tarder à redescendre… Il se retint de crier : “Papa, tu fais quoi ? Papa ! Je suis là, je t’attends…” Pourquoi son père tardait il à réapparaître ? Les courroies élastiques de l’ascenseur s’étirèrent encore un peu, imitant de gigantesques chewing-gums. Puis une porte s’ouvrit là-haut, avec des rires étranges, chargés d’excitation, qu’on étouffait. Il va comprendre son erreur, se répéta Ziad, osant seulement grimper quelques marches, sans parvenir à capter d’autre son que celui des gosses qui jouaient encore dans la cour malgré l’heure tardive et la voix exaspérée de la gardienne qui criait sur son chat.
Son père s’était volatilisé dans les derniers étages de l’immeuble et ne semblait pas pressé d’en revenir. »

Ziad, 10 ans, ses parents, Anne et Bertrand, la voisine, Muriel, grandissent, chutent, traversent des tempêtes, s’éloignent pour mieux se retrouver. Comme les Indiens, ils se sont laissé surprendre ; comme eux, ils n’ont pas les bonnes armes. Leur imagination saura-t-elle changer le cours des choses ? La ronde vertigineuse d’êtres qui cherchent désespérément la lumière, saisie par l’œil sensible et poétique d’Isabelle Carré.

Hervé LE TELLIER : L’Anomalie (Gallimard) Prix Goncourt 2020

"Il est une chose admirable qui surpasse toujours la connaissance, l’intelligence, et même le génie, c’est l’incompréhension."
En juin 2021, un événement insensé bouleverse les vies de centaines d’hommes et de femmes, tous passagers d’un vol Paris - New York. Parmi eux : Blake, père de famille respectable et néanmoins tueur à gages ; Slimboy, pop star nigériane, las de vivre dans le mensonge ; Joanna, redoutable avocate rattrapée par ses failles ; ou encore Victor Miesel, écrivain confidentiel soudain devenu culte.
Tous croyaient avoir une vie secrète. Nul n’imaginait à quel point c’était vrai.

Roman virtuose où la logique rencontre le magique, 'L’Anomalie' explore cette part de nous-même qui nous échappe.

Riad SATTOUF : L’Arabe du futur tome 4 (Allary Editions)

Ce livre raconte l’histoire vraie d’un adolescent de moins en moins blond, de sa famille franco-syrienne et du coup d’État de son père.

Riad entre dans l’adolescence. Une période d’autant plus compliquée qu’il est tiraillé entre ses deux cultures – française et syrienne. Qui écouter ? Son grand-père français obsédé par les filles ou son père pour qui les femmes sont habitées par le diable ? Le jeune garçon, dont les cheveux sont de moins en moins blonds, se réfugie dans le dessin. Les disputes entre ses parents sont fréquentes et violentes. La mère ne supporte pas le virage religieux de plus en plus marqué pris par son mari. Ils sont sur le point de se séparer quand le père réalise son « coup d’État ».

Dans le premier tome (1978-1984), le petit Riad était ballotté, de sa naissance à ses six ans, entre la Libye de Kadhafi, la Bretagne de ses grands-parents et la Syrie de Hafez Al-Assad.
Le deuxième tome (1984-1985) racontait sa première année d’école en Syrie.
Le troisième tome (1985-1987) était celui de sa circoncision.

 

Joann SFAR : Le Chat du rabbin (Dargaud)

Pendant félin de Socrate le demi-chien, le chat du Rabbin essaye de répondre à une question fondamentale : peut-on apprendre la Torah à un chat, fût- il doué de parole ? La réponse est une fable savoureuse, d'une intelligence rare qui réjouira les amateurs d'Orient, de jolies femmes et de métaphysique.

 

Elizabeth Jane HOWARD : Etés anglais (Editeur Quai Voltaire)

Juillet 1937. À Home Place, au cœur du Sussex, jardiniers, femmes de chambre et cuisinière sont sur le pont. La Duche orchestre le ballet des domestiques avant l’arrivée de ses trois fils, Hugh, Edward et Rupert Cazalet, en chemin depuis Londres avec épouses, enfants et gouvernantes. Où dormira Clary, adolescente mal dans sa peau en plein conflit avec sa belle-mère ? Quelle robe portera Villy, ancienne ballerine désormais mère au foyer ? Polly, terrorisée à l’idée qu’une guerre éclate, s’entendra-t-elle avec sa cousine Louise qui rêve de devenir actrice ? Rachel, la seule fille de la Duche, trouvera-t-elle un moment pour ouvrir la précieuse lettre de son amie Sid ?
Non-dits, chamailleries, profonds chagrins… Aux préoccupations des adultes font écho les inquiétudes des enfants, et à la résilience des femmes, qu’elles soient épouses, fillettes ou domestiques, répond la toute-puissance – ou l’impuissance – des hommes. L’été regorge d’incertitudes mais, sans l’ombre d’un doute, une nouvelle guerre approche : entre pique-niques sur la plage et soirées auprès du gramophone, il faudra inventorier lits de camp et masques à gaz.

Pierre LEMAITRE : Trois jours et une vie (Albin Michel)

"À la fin de décembre 1999, une surprenante série d’événements tragiques s’abattit sur Beauval, au premier rang desquels, bien sûr, la disparition du petit Rémi Desmedt.
Dans cette région couverte de forêts, soumise à des rythmes lents, la disparition soudaine de cet enfant provoqua la stupeur et fut même considérée, par bien des habitants, comme le signe annonciateur des catastrophes à venir.
Pour Antoine, qui fut au centre de ce drame, tout commença par la mort du chien…"

Pierre LEMAITRE : Couleurs de l’incendie (Albin Michel)

Février 1927. Le Tout-Paris assiste aux obsèques de Marcel Péricourt. Sa fille, Madeleine, doit prendre la tête de l'empire financier dont elle est l'héritière, mais le destin en décide autrement. Son fils, Paul, d'un geste inattendu et tragique, va placer Madeleine sur le chemin de la ruine et du déclassement.
Face à l'adversité des hommes, à la cupidité de son époque, à la corruption de son milieu et à l'ambition de son entourage, Madeleine devra déployer des trésors d'intelligence, d'énergie mais aussi de machiavélisme pour survivre et reconstruire sa vie. Tâche d'autant plus difficile dans une France qui observe, impuissante, les premières couleurs de l'incendie qui va ravager l'Europe.

Couleurs de l'incendie est le deuxième volet de la trilogie inaugurée avec Au revoir là-haut, prix Goncourt 2013, où l'on retrouve l'extraordinaire talent de Pierre Lemaitre.

Rosella POSTORINO : La goûteuse d’Hitler (Le Livre de Poche)

1943. Reclus dans son quartier général en Prusse orientale, terrorisé à l’idée que l’on attente à sa vie, Hitler a fait recruter des goûteuses. Parmi elles, Rosa. Quand les S.S. lui ordonnent de porter une cuillerée à sa bouche, Rosa s’exécute, la peur au ventre : chaque bouchée est peut-être la dernière. Mais elle doit affronter une autre guerre entre les murs de ce réfectoire : considérée comme « l’étrangère », Rosa, qui vient de Berlin, est en butte à l’hostilité de ses compagnes, dont Elfriede, personnalité aussi charismatique qu’autoritaire. Pourtant, la réalité est la même pour toutes : consentir à leur rôle, c’est à la fois vouloir survivre et accepter l’idée de mourir.

David FOENKINOS : La délicatesse (Gallimard)

Nathalie et François sont heureux, ils s'aiment et semblent avoir la vie devant eux...
Mais, un jour, la belle mécanique s'enraye. François décède brutalement.
Veuve éplorée, le cœur de Nathalie devient une forteresse où même les plus grands séducteurs vont se heurter.
Sauf un : Markus, un collègue terne et maladroit, sans séduction apparente. Sur un malentendu, il obtient de la belle un baiser volé. Pour cet outsider de l'amour, c'est un signe du destin : il se lance à sa conquête... tout en délicatesse.


Benoît HEIMERMANN : Albert Londres – La plume et la plaie – (Paulsen)

La première biographie illustrée d'un grand reporter engagé, d'un journaliste majuscule passé à la postérité.
Marqué dès le début de sa carrière de journaliste par la Grande Guerre, dont il a rapporté les drames d'Anvers à Constantinople, Albert Londres a toujours su regarder du côté du faible et de l'exclu. Au côté des bagnards de Guyane, des enfermés de Biribi, des prostituées de Buenos Aires, des Juifs des ghettos, le grand reporter majuscule a systématiquement pris le parti des opprimés et des humiliés.
Ses comptes rendus pour Le Matin, L'Excelsior ou Le Petit Parisien provoquèrent des débats sans fin et incitèrent parfois les législateurs à réviser leurs certitudes. Quatre-vingts ans après avoir questionné le monde, son mantra de journaliste (" Notre métier n'est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie ") figure toujours en bonne place au fronton d'une profession trop souvent malmenée.

Nourri de sources nouvelles, agrémenté de photographies méconnues ou inconnues (souvent prises par l'intéressé lui-même), cet ouvrage revient sur le parcours d'Albert Londres en replaçant plus avant sa quête dans son contexte, en la confrontant aux travaux de ses contemporains et en soulignant ses contradictions comme ses originalités.

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