Le club lecture, réuni à la Maison des Associations, a sélectionné quelques ouvrages (janvier-février 2024)
Est joint pour chaque ouvrage le résumé de quatrième de couverture.
Léonor de RECONDO : Le grand feu (Gallimard)
" Le Grand Feu, c'est celui qui m'anime, et me consume, lorsque je joue du violon et lorsque j'écris. " Léonor de Récondo En 1699, Ilaria Tagianotte naît dans une famille de marchands d'étoffes, à Venise. La ville a perdu de sa puissance, mais lui reste ses palais, ses nombreux théâtres, son carnaval qui dure six mois. C'est une période faste pour l'art et la musique, le violon en particulier. A peine âgée de quelques semaines, sa mère place la petite Ilaria à la Pietà.
Cette institution publique a ouvert ses portes en 1345 pour offrir une chance de survie aux enfants abandonnées en leur épargnant infanticides ou prostitution. On y enseigne la musique au plus haut niveau et les Vénitiens se pressent aux concerts organisés dans l'église attenante. Cachées derrière des grilles ouvragées, les jeunes interprètes jouent et chantent des pièces composées exclusivement pour elles. Ilaria apprend le violon devient la copiste du maestro Antonio Vivaldi. Elle se lie avec Prudenza, une fillette de son âge. Leur amitié indéfectible la renforce et lui donne une ouverture vers le monde extérieur. Le Grand Feu, c'est celui de l'amour qui foudroie Ilaria à l'aube de ses quinze ans, abattant les murs qui l'ont à la fois protégée et enfermée, l'éloignant des tendresses connues jusqu'alors. C'est surtout celui qui mêle le désir charnel à la musique si étroitement dans son cœur qu'elle les confond et s'y perd. Le murmure de Venise et sa beauté sont un écrin à la quête de la jeune fille : éprouver l'amour et s'élever par la musique, comme un Grand Feu.
Thomas B. REVERDY : Le grand secours (Flammarion)
Il est 7 h 30, sur le pont de Bondy, au-dessus du canal. C'est un de ces lundis de janvier où l'on s'attend à ce qu'il neige, même si ce n'est plus arrivé depuis très longtemps. Sous l'autoroute A3 qui enjambe le paysage, un carrefour monstrueux, tentaculaire, sera bientôt le théâtre d'une altercation dont les conséquences vont enfler comme un orage, jusqu'à devenir une émeute capable de tout renverser. Nous la voyons grossir depuis le lycée voisin où nous suivons, au fil des cours et des récréations, la vie et le destin de Mo et de Sara, de leurs amis, mais aussi de Candice, la prof de théâtre, de ses collègues et de Paul, l'écrivain qu'elle a fait venir pour un atelier d'écriture. Tout au long de cette journée fatidique, chacun d'entre eux devra réinventer le sens de sa liberté, dans un ultime sursaut de vie.
Louise ERDRICH : La sentence (Albin Michel)
«Quand j’étais en prison, j’ai reçu un dictionnaire. Accompagné d’un petit mot : Voici le livre que j’emporterais sur une île déserte. Des livres, mon ancienne professeure m’en ferait parvenir d’autres, mais elle savait que celui-là s’avérerait d’un recours inépuisable. C’est le terme "sentence" que j’y ai cherché en premier. J’avais reçu la mienne, une impossible condamnation à soixante ans d’emprisonnement, de la bouche d’un juge qui croyait en l’au-delà.»
Après avoir bénéficié d’une libération conditionnelle, Tookie, une quadragénaire d’origine amérindienne, est embauchée par une petite librairie de Minneapolis. Lectrice passionnée, elle s’épanouit dans ce travail. Jusqu’à ce que l’esprit de Flora, une fidèle cliente récemment décédée, ne vienne hanter les rayonnages, mettant Tookie face à ses propres démons, dans une ville bientôt à feu et à sang après la mort de George Floyd, alors qu’une pandémie a mis le monde à l’arrêt...On retrouve l’immense talent de conteuse d’une des plus grandes romancières américaines, prix Pulitzer 2021, dans ce roman qui se confronte aux fantômes de l’Amérique: le racisme et l’intolérance.
Kiran MILLWOOD HARGRAVE : La danse des damnées (Robert Laffont)
Strasbourg, 1518. Au pied de la cathédrale, dans la chaleur étouffante de l’été, une femme se met à danser. Elle danse des jours durant, infatigable, possédée, avant d’être rejointe, petit à petit, par des centaines d’autres femmes. Non loin de là, Lisbet récolte le miel de ses ruches. Auprès des abeilles, elle oublie l’atmosphère oppressante et son angoisse de perdre, une fois encore, l’enfant qu’elle porte. Alors que la ville semble s’effondrer sous la chaleur et les pas des danseuses, le retour d’Agnethe, après sept ans d’exil pour un crime que tout le monde tait, promet de faire voler en éclats le monde tel que Lisbet le connaît. Déterminée à découvrir le secret de sa belle-sœur, la voilà bientôt prise dans un tourbillon d’interdits et de passion, une mélodie à en perdre la raison…Ancré dans une époque de superstition, ce roman, inspiré de faits réels, est le récit enivrant de ces femmes, grandes damnées de l’Histoire, mais surtout une bouleversante histoire d’amour et de résilience.
Jacques SAUSSEY : 7/13 (Editions du Toucan)
Le capitaine Daniel Magne enquête sur la mort de l'épouse d'un entrepreneur de BTP, torturée et sauvagement assassinée dans une villa cossue de la banlieue parisienne. Alors que ses investigations tournent court, il établit un lien avec la victime d'un deuxième crime, dans le nord de la France. Ces deux affaires l'amènent à remonter dans le temps jusqu'en 1944
Hiver 2015. Durant l’absence prolongée des propriétaires, une villa de la banlieue parisienne est le théâtre d’un crime atroce. Lorsqu’il arrive sur les lieux, le capitaine Magne découvre avec effroi que le corps n’est plus reconnaissable. Pas de vêtements, pas de papiers : l’identification s’annonce compliquée. Décembre 1944. Londres. Un officier américain scrute avec inquiétude le brouillard qui plombe le ciel de l’Angleterre. Il projette de traverser la Manche au plus vite pour rejoindre la France où il doit préparer l’arrivée prochaine de ses hommes. Le mauvais temps s’éternise mais bientôt, une proposition inattendue va faire basculer son destin.
Soixante-dix ans plus tard, elle confrontera les enquêteurs du quai des Orfèvres à l’un des mystères les plus stupéfiants qu’ils aient jamais rencontrés.
Thomas PESQUET : Ma vie sans gravité (Gallimard)
Comment devient-on le plus jeune Français à partir vers la Station spatiale ? Comment passer de sa Normandie natale aux pas de tir de Baïkonour et de Cap Canaveral ? Pour la première fois, Thomas Pesquet se raconte sans détour, dans un récit très personnel aussi drôle que surprenant. Il nous entraîne des coulisses de l'école des astronautes jusqu'au frisson du décollage, partage le quotidien de ses 396 jours à bord de l'ISS et l'émerveillement de découvrir, flottant dans le vide intersidéral, notre planète si fragile. Une autobiographie aux allures de roman d'aventures, dont le héros est devenu l'une des personnalités préférées des Français.
Pete FROMM : Le lac de nulle part (Gallmeister)
Cela fait bientôt deux ans que Trig et Al, frère et sœur jumeaux, n’ont plus de contact avec leur père. Et voilà qu’il réapparaît dans leur vie et réclame “une dernière aventure” : un mois à sillonner ensemble en canoë les lacs du Canada. À la fois excités à l’idée de retrouver la complicité de leur enfance et intrigués par ces retrouvailles soudaines, les jumeaux acceptent le défi de partir au milieu de nulle part. Mais dès leur arrivée, quelque chose ne tourne pas rond, les tensions s’installent. Contrairement à ses habitudes, leur père paraît mal préparé à l’expédition, qui s’annonce pourtant périlleuse par ce mois de novembre froid et venteux. Tous les trois devront naviguer avec la plus grande prudence entre leurs souvenirs et la réalité qui semble de plus en plus leur échapper. Le nouveau roman de Pete Fromm est un voyage inattendu à travers les lacs du Canada où la surface glacée de l’eau sert de miroir à nos peurs, colères et espoirs.
Claire FULLER : Terre fragile (Stock)
Lorsque l'on vit en marge de la société, il suffit d'un pas pour basculer. Les jumeaux Julius et Jeanie ont toujours su qu'ils étaient différents. A 51 ans, ils habitent encore avec leur mère, Dot, à l'écart d'un petit village anglais nommé Inkbourne. Le cottage qu'ils louent depuis leur naissance les protège du monde extérieur. Dedans, ils jouent de la musique et chantent, dehors, ils plantent, cueillent et chassent ce dont ils ont besoin pour survivre.
Cette vie-là est la seule qu'ils connaissent et la seule qu'ils désirent. Lorsque Dot meurt soudainement, leur existence se trouve ébranlée et les menaces pleuvent sur leur foyer. Alors que Jeanie et Julius se démènent pour préserver leur petit sanctuaire et ne pas sombrer dans la pauvreté, les secrets de leur mère refont surface, bouleversant leurs certitudes les plus profondes. Terre fragile est tout à la fois un portrait saisissant de la marginalité et de la précarité dans l'Angleterre rurale et un magnifique roman sur la trahison, l'amour et la résilience.
Traduit de l'anglais par Mathilde Bach
Marta HILLERS : Une femme à Berlin (Gallimard)
La jeune Berlinoise qui a rédigé ce journal, du 20 avril 1945 - les Soviétiques sont aux portes - jusqu'au 22 juin, a voulu rester anonyme, lors de la première publication du livre en 1951, et après. A la lecture de son témoignage, on comprend pourquoi. Sur un ton d'objectivité presque froide, ou alors sarcastique, toujours précis, parfois poignant, parfois comique, c'est la vie quotidienne dans un immeuble quasi en ruine, habité par des femmes de tout âge, des hommes qui se cachent : vie misérable, dans la peur, le froid, la saleté et la faim, scandée par les bombardements d'abord, sous une occupation brutale ensuite. S'ajoutent alors les viols, la honte, la banalisation de l'effroi. C'est la véracité sans fard et sans phases qui fait la valeur de ce récit terrible, c'est aussi la lucidité du regard porté sur un Berlin tétanisé par la défaite. Et la plume de l'auteur anonyme rend admirablement ce mélange de dignité, de cynisme et d'humour qui lui a permis, sans doute, de survivre.
Jean-Baptiste ANDREA : Veiller sur elle (L’iconoclaste) – Prix GONCOURT 2023
Au grand jeu du destin, Mimo a tiré les mauvaises cartes. Né pauvre, il est confié en apprentissage à un sculpteur de pierre sans envergure. Mais il a du génie entre les mains.
Toutes les fées ou presque se sont penchées sur Viola Orsini. Héritière d'une famille prestigieuse, elle a passé son enfance à l'ombre d'un palais génois. Mais elle a trop d'ambition pour se résigner à la place qu'on lui assigne. Ces deux-là n'auraient jamais dû se rencontrer. Au premier regard, ils se reconnaissent et se jurent de ne jamais se quitter. Viola et Mimo ne peuvent ni vivre ensemble, ni rester longtemps loin de l'autre. Liés par une attraction indéfectible, ils traversent des années de fureur quand l'Italie bascule dans le fascisme. Mimo prend sa revanche sur le sort, mais à quoi bon la gloire s'il doit perdre Viola ?
Un roman plein de fougue et d'éclats, habité par la grâce et la beauté.
Camille de PERETTI : L’inconnue du portrait (Calmann-Lévy)
En 1910 à Vienne, Klimt peint son Portrait d'une dame, tableau à l'histoire mouvementée et au modèle inconnu. Camille de Peretti imagine l'histoire de cette femme et de ses descendants dans une fresque s'étendant de Vienne à Manhattan et mêlant secrets, amours et drames.
George ORWELL : Une fille de pasteur (Le Livre de Poche)
Fille unique, Dorothy vit une existence morne avec son père, le pasteur acariâtre d'une petite paroisse du Suffolk. Frappée par une soudaine amnésie, elle se retrouve à la rue et va partager l'existence des déshérités, des clochards de Londres aux cueilleurs saisonniers de houblon. Mais, à mesure que la mémoire lui revient, Dorothy trouvera-t-elle en elle-même la force d'aspirer à une autre vie ? Publié en 1935 et inédit en français, "Une fille de pasteur" est l'un des premiers romans de George Orwell. Avec une lucidité et une acuité implacables, Orwell dépeint l'hypocrisie, la pauvreté et la misère spirituelle qui vont accompagner Dorothy dans son odyssée à travers l'Angleterre des années trente.
Delphine GROUES : Cordillera (Le Cherche Midi)
On dit que la cordillère des Andes vibre à l’écho des vies qui y défilent.
Dans le Chili du début du XXe siècle, la famille Silva, respectée et crainte dans le village, est auréolée de mystère. Cecilio, le père, taiseux, les mains dans la terre rebelle. Luisa, la mère, mapuche, qui connaît le pouvoir des chants et des plantes. Esteban, l’aîné, amené à découvrir, ébloui, l’univers des poètes et de l’imprimerie. Joaquín, le cadet téméraire, gardien de troupeaux, mû par l’appel des cimes. Nombreuses sont leurs épreuves : la colère de la terre, la violence des hommes, la mort, le traumatisme de la guerre. Le clan fait face, soudé par un amour pudique. Dans cette nature indomptable, des cols glacials aux vallons ombrageux, des pâtures verdoyantes aux mines du désert de l’Atacama, chacun chemine vers son destin, sa liberté.
Fresque ample et romanesque teintée du réalisme magique sud-américain, Cordillera nous emporte dans la vie d’hommes et de femmes qui résistent et se tiennent debout sur les crêtes des montagnes comme sur le fil hasardeux de l’existence.
Maxime CHATTAM : LUX (Albin Michel)
Les scientifiques comme les religieux ne peuvent expliquer ce qu’elle est ni d’où elle vient.
Elle va transformer pour toujours le quotidien du monde entier, en particulier l’existence d’une mère et de sa fille. Tout en posant la question qui nous obsède tous...
Nos vies ont-elles un sens ? Un roman au suspense saisissant, hommage lumineux à Barjavel et à la littérature qui divertit, qui interroge. Maxime Chattam comme vous ne l’avez jamais lu.
Alain BARATON : Le livre de la rose (Grasset)
Surnommée « la reine des fleurs » depuis l’Antiquité, la rose règne sans partage : elle est la plus offerte au monde. En l’associant à l’amour dès son apparition, en Perse, nous lui avons prêté une passion que nous la chargeons de transmettre, ce qu’elle accomplit avec charme et fugacité, douceur et piquant. Cueillons-la avant qu’il ne soit trop tard, en compagnie d’Alain Baraton, le jardinier de Versailles, dans ce livre qui est la première histoire culturelle de la rose.
Qu’est-ce qui la caractérise ? Comment et quand s’est-elle répandue sur toute la terre ? Quelles sont ses propriétés, quelle est sa symbolique ? La rose rose est-elle la rose originelle ? Qui sont ceux qui lui ont donné son nom (et ceux qui en rêvent) ? De quels grands peintres a-t-elle été la fleur favorite, quels sont les plus beaux poèmes en son honneur, quels musiciens ont composé en s’inspirant d’elle ? Saviez-vous que la rose a causé des guerres, et engendré des usages gastronomiques ? La fleur la plus célèbre du monde est pleine de surprises.
Tout ceci, et bien d’autres découvertes encore, nous attendent dans Le Livre de la rose, où, alliant botanique, histoire et anecdotes, Alain Baraton révèle les secrets de la fleur aux cent pétales.
Lydie SALVAYRE : Pas pleurer (Seuil) – Prix GONCOURT 2014
Deux voix entrelacées. Celle, révoltée, de Georges Bernanos, témoin direct de la guerre civile espagnole, qui dénonce la terreur exercée par les nationalistes avec la bénédiction de l’Église catholique contre les "mauvais pauvres". Celle, roborative, de Montse, mère de la narratrice et "mauvaise pauvre", qui, soixante-dix ans après les événements, a tout gommé de sa mémoire, hormis les jours radieux de l'insurrection libertaire par laquelle s'ouvrit la guerre de 36 dans certaines régions d'Espagne. Deux paroles, deux visions qui résonnent étrangement avec notre présent, comme enchantées par l'art romanesque de Lydie Salvayre, entre violence et légèreté, entre brutalité et finesse, portées par une prose tantôt impeccable, tantôt joyeusement malmenée. Lydie Salvayre a obtenu le prix Hermès du Premier roman pour La Déclaration, le prix Novembre (aujourd'hui prix Décembre) pour La Compagnie des spectres et le prix François Billetdoux pour BW. Ses livres sont traduits dans une vingtaine de langues. Certains ont fait l'objet d'adaptations théâtrales.
Ito SOGAWA : La République du bonheur (Editions Philippe Picquier)
La vie est douce à Kamakura. Amis et clients se pressent dans la petite papeterie où Hatoko exerce ses talents d'écrivain public. Tendres, drôles ou tragiques, les destins se croisent sous son pinceau. Hatoko s'est mariée et découvre, en compagnie de Mitsurô et de sa petite fille, les joies d'être mère au sein de leur famille recomposée : elle enseigne à l'enfant l'art de la calligraphie comme le faisait sa grand-mère et partage avec elle ses recettes des boulettes à l'armoise ou du thé vert fait maison. Mais si Hatoko excelle dans l'art difficile d'écrire pour les autres, le moment viendra pour elle d'écrire ce qui brille au fond de son cœur. Après La Papeterie Tsubaki se dévoile une fois de plus tout le talent d'Ogawa Ito pour nous révéler les sources invisibles du bonheur. Ogawa Ito est née en 1973. Elle chante, écrit des livres pour enfants, des articles pour des magazines de cuisine et de voyage. Son premier roman, Le Restaurant de l'Amour retrouvé, a été adapté au cinéma au Japon et est devenu un best-seller mondial. Il a reçu en France le prix Eugénie Brazier. A découvrir également aux Editions Picquier : Le Restaurant de l'Amour retrouvé, Le Ruban, Le Jardin Arc-en-Ciel, La Papeterie Tsubaki.