Un dernier cadeau de Noël?

Publié le par universite-d-anchin

Suite à la demande de plusieurs personnes présentes à la conférence sur Dostoïevski, Bernard Joliot a transmis une liste de livres de et autour de cet auteur.

Il existe en France deux principales traductions. L'une fluide, littéraire parfois élégante due aux slavistes Gustave Aucouturier (avant la guerre) et Pierre Pascal ( après la guerre). Elles sont disponibles dans la Pléiade et reprises en Folio. Une nouvelle traduction par André Markowicz propose un texte plus proche de l'original, plus chaotique et haché. Le traducteur à l'incitation d'Actes Sud a retraduit en 22 ans l'ensemble de l'œuvre romanesque qui compte des dizaines de milliers de pages.

Une biographie de référence : "Dostoïevski, un écrivain dans son temps" de Josef Franck - aux éditions des Syrtes- est un modèle de biographie littéraire. Parue initialement en cinq volumes, dans les années 1970, elle a été condensée par l’auteur en 2010, avec une préface inédite. Le livre vient d'être publié en France en 2019.

En dehors des deux œuvres majeures et incontournables "Crime et Châtiment“ et ”Les Frères Karamazov" on pourra lire:

Le Joueur : récit d'une addiction pour le jeu à la roulette qui compte plus que le gain.

Souvenirs de la maison des morts: Un témoignage d'une terrible expérience de vie dans laquelle Dostoievski puise son admiration pour la résistance et la force de l'homme russe. A l'origine de tous les récits sur le bagne, les camps et le goulag des Soljenytsine, Chalamov ou Demidov.

Notes d'un Souterrain : œuvre pré-psychanalytique où le narrateur creuse en lui-même et avoue le plaisir à dire et faire le mal.

L'Idiot : long roman dans lequel l'innocence et la générosité conduisent au désastre.

Les Démons : colossal pamphlet contre le nihilisme et la manipulation pernicieuse des élites. Lénine ne supportait pas le roman et le fit interdire. A relire sous la lumière des dérives islamistes des Merah ou Abdeslam.

D'autres œuvres plus faciles d'accès méritent aussi d'être connues : Les Nuits blanches, Douce, L'éternel Mari, Le Rêve d'un homme ridicule, L'Adolescent.

Un avertissement d'André Markowicz dans la Marche de l'histoire sur France Culture

La Russie, dit Dostoïevski, est le peuple russe, porteur de la seule vérité divine à travers la souffrance, à travers la misère, à travers la déchéance, contre tous les autres dont les juifs. Au fur et à mesure que Dostoïevski avance dans son œuvre, les notations racistes, antisémites, augmentent. Il y a deux Dostoïevski. Moi, j’ai jamais voulu traduire les articles de Dostoïevski, je traduis les romans, mais dans les articles Dostoïevski devient un penseur nationaliste, anti-occidental, anti-démocrate, antisémite, qui est revendiqué maintenant d’une façon ouverte par toute la Russie réactionnaire et nationaliste qui est au pouvoir et qui prolifère. Et c’est une chose absolument terrifiante. Il y a les deux à la fois. Il y a cette grandeur de la souffrance, et en même temps cet appel terrible à la haine des autres : nous les Russes. La littérature russe est une littérature lourde, dans laquelle la plupart des écrivains, sauf deux, Pouchkine et surtout Tchekhov, veulent apprendre aux gens à vivre, veulent apprendre aux gens comment il faut chercher le Christ, et à dire qu’en dehors du Christ il n’y a pas de salut. Et quand on lit les derniers articles de Dostoïevski, cela fait peur, et ce qu’on voit maintenant, avec cette espèce d’exaltation — vous pouvez penser a Poutine  —, avec cette exaltation de la russité, de l’identité russe — mot qui en russe n’existe même pas — se revendique de Dostoïevski en oubliant que dans les romans tout est mis en structure,  mis en poème, c’est-à-dire qu’il y a ça, mais il y a aussi le contraire, et que justement, c’est pour ça, que personne ne peut se revendiquer de Dostoïevski, comme personne, dans le roman Les Frères Karamazov, personne ne peut se revendiquer du starets Zosime, grand pécheur et grand repenti.

Un jugement de Julia Kristeva dans Dostoïevski. Face à la mort ou le sexe hanté du langage 

Julia Kristeva montre que, psychanalyste avant la lettre, Dostoïevski parvient à un exploit quand il réussit à percer le brouillard des fantasmes>

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