Le club lecture, réuni à la Maison des Associations, a sélectionné quelques ouvrages (mars 2024)
(est joint pour chaque ouvrage le résumé de quatrième de couverture).
Thomas SCHLESSER : Les yeux de Mona (Albin Michel)
Cinquante-deux semaines : c'est le temps qu'il reste à Mona pour découvrir toute la beauté du monde.C'est le temps que s'est donné son grand-père, un homme érudit et fantasque, pour l'initier, chaque mercredi après l'école, à une oeuvre d'art, avant qu'elle ne perde, peut-être pour toujours, l'usage de ses yeux. Ensemble, ils vont sillonner le Louvre, Orsay et Beaubourg. Ensemble, ils vont s'émerveiller, s'émouvoir, s'interroger, happés par le spectacle d'un tableau ou d'une sculpture. Empruntant les regards de Botticelli,...
Ann SCOTT : Les Insolents (Calmann-Lévy)
Alex, Margot et Jacques sont inséparables. Pourtant, Alex, compositrice de musique de films, a décidé de quitter Paris. À quarante-cinq ans, installée au milieu de nulle part, elle va devoir se réinventer. Qu’importe, elle réalise enfin son rêve de vivre ailleurs et seule.
Après La Grâce et les Ténèbres, Ann Scott livre un roman très intime. Son écriture précise et ses personnages d’une étonnante acuité nous entraînent dans une subtile réflexion sur nos rêves déçus, la solitude et l’absurdité de notre société contemporaine.
Jean-Christophe RUFIN : D’or et de jungle (Calmann-Lévy)
Le monde d’aujourd’hui ne manque pas de pays vulnérables qu’un coup d’État « clefs en main » pourrait livrer à des entreprises mille fois plus puissantes qu’eux. C’est l’aventure dans laquelle va nous entraîner Flora, jeune championne de plongée, fascinée par l’image de son grand-père, célèbre mercenaire qui a passé sa vie à renverser des pouvoirs établis.
Le sultanat de Brunéi, pays d’or (noir) et de jungle, sera sa destination. Entraîné par Flora et d’innombrables personnages, vous allez vivre pas à pas la prise de contrôle d’un pays que rien, en apparence, ne destinait à se trouver projeté au cœur de l’actualité mondiale.
Richard MORGIEVE : La fête des mères (Joëlle Losfeld)
Une famille de la haute bourgeoisie versaillaise dans les années soixante : la vipère parfumée à L’Heure bleue, c’est la mère. Le père banquier est absent, les quatre frères se détestent. Ou bien ils s’aiment un peu, beaucoup. Ils ont faim car la mère ne veut pas qu’ils mangent. Ils ne sentent pas bon car elle leur interdit l’eau chaude, et puis à peu près tout, sauf la confession. Jacques se rebelle. Il refuse de faire sa communion solennelle et tombe gravement malade. Il veut vivre. Ce n’est pas si facile. Il faut se battre contre la maladie, contre le sort. Il faut garder l’espoir, attendre l’amour qui guérit tout. Pour accomplir ce miracle, Jacques a deux talismans : un trèfle à cinq feuilles et une graine de haricot. Quarante ans plus tard, il raconte son histoire.
Jean-Baptiste ANDREA : Des diables et des saints (Collection Proche)
C'est une histoire d'orphelin et d'amour. Celle d'un vieil homme qui joue divinement du Beethoven sur les pianos publics. Il se fait appeler Joe, pour Joseph. On le croise un jour dans une gare, un autre dans un aéroport. Il gâche son talent de concertiste au milieu des voyageurs indifférents. Il attend. Mais qui, et pourquoi ? Alors qu'il a seize ans, ses parents et sa soeur disparaissent dans un accident d'avion. Il est envoyé dans un pensionnat religieux des Pyrénées, Les Confins. Tout est dans le nom. Après Les Confins, il n'y a plus rien. Ici, on recueille les abandonnés, les demeurés. Les journées sont faites de routine, de corvées, de maltraitances. Jusqu'à la rencontre avec Rose, une jeune fille de son âge. La vie n'est alors que rêves de fugues. Jean-Baptiste Andrea nous parle de cet enfant intérieur que nous portons tous en nous. Ses héros ont l'âge des douleurs et des révoltes. Avec Des diables et des saints, il achève sa trilogie autour de l'enfance.
Elisabeth BADINTER Robert BADINTER : Condorcet, un intellectuel en politique (Le Livre de Poche)
Lorsque la Révolution commence, le marquis de Condorcet occupe une situation privilégiée dans la société. Mathématicien célèbre à vingt-cinq ans, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences à trente-deux ans, il est membre de l'Académie française et inspecteur des Monnaies. Ami de Voltaire et d'Alembert, il apparaît comme le dernier des encyclopédistes. Il est célèbre dans toute l'Europe des Lumières et lié aux plus brillants esprits du temps. Disciple de Turgot, il a vécu à ses côtés ses réformes et sa disgrâce. Enfin il est le mari heureux de la belle et spirituelle Sophie de Grouchy. Cet homme comblé est aussi un homme passionné de justice. Il s'est élevé contre toutes les erreurs judiciaires de la fin de l'Ancien Régime. Ami des Noirs, il lutte contre l'esclavage et la traite. Ami des Protestants et des Juifs, il milite pour la reconnaissance de leur citoyenneté. Adversaire de la peine de mort, il soutient la cause de l'abolition. Et il est le seul à réclamer pour les femmes l'égalité entière des droits.
Dès le début de la Révolution, cet intellectuel s'engage dans la lutte politique. Sous la Constituante, il se prononce parmi les premiers en faveur de la République. Député à la Législative, il propose son célèbre plan d'Instruction publique qui inspirera un siècle plus tard les fondateurs de l'Ecole républicaine. Député à la Convention, il refuse par conviction abolitionniste de voter la mort du Roi et rédige le projet de Constitution le plus démocratique qu'on ait élaboré jusqu'alors. Partisan de l'union des républicains, il se détache de ses amis Girondins sans pour autant rallier les Montagnards. Décrété d'accusation en juillet 1793, il se cache à Paris jusqu'en mars 1794. Il écrit alors l'Esquisse d'un tableau des progrès de l'Esprit humain, son œuvre maîtresse. Pour ne pas compromettre la sûreté de celle qui l'héberge, il quitte son refuge. Arrêté, il est trouvé mort dans sa cellule le 29 mars 1794.
Telle fut la vie de cet intellectuel engagé qui connut l'échec politique mais dont la pensée, selon le mot de Jean Jaurès, fait partie du patrimoine de la République.
Sylvie YVERT : Mousseline la Sérieuse (Pocket)
Sylvie Yvert se glisse dans les pas de Madame Royale et donne voix à cette femme au destin hors du commun qui traversa les événements avec fierté et détermination. Sous sa plume délicate et poignante, la frontière entre victoire collective et drame intime se trouble pour révéler l’envers du décor de cette histoire de France que nous croyons connaître.
Louise ERDRICH : LaRose (Albin Michel)
Dakota du Nord, 1999. Un vent glacial souffle sur la plaine et le ciel, d'un gris acier, recouvre les champs nus d'un linceul. Ici, des coutumes immémoriales marquent le passage des saisons, et c'est la chasse au cerf qui annonce l'entrée dans l'automne. Landreaux Iron, un Indien Ojibwé, est impatient d'honorer la tradition. Sûr de son coup, il vise et tire. Et tandis que l'animal continue de courir sous ses yeux, un enfant s'effondre. Dusty, le fils de son ami et voisin Peter Ravich, avait cinq ans. Ainsi débute le nouveau roman de Louise Erdrich, couronné par le National Book Critics Circle Award, qui vient clore de façon magistrale le cycle initié avec La malédiction des colombes et Dans le silence du vent. L'auteur continue d'y explorer le poids du passé, de l'héritage culturel, et la notion de justice. Car pour réparer son geste, Landreaux choisira d'observer une ancienne coutume en vertu de laquelle il doit donner LaRose, son plus jeune fils, aux parents en deuil. Une terrible décision dont Louise Erdrich, mêlant passé et présent, imagine avec brio les multiples conséquences. « Un récit puissamment évocateur, d'une subtilité et d'une grâce magistrales. »
Jean HATZFELD : Tu la retrouveras (Gallimard)
Budapest, hiver 1944-1945. Deux fillettes, Sheindel et Izeta, l’une juive, l’autre tzigane, ont trouvé refuge dans le zoo en ruine où errent des animaux affamés. Débrouillardes et vives, toujours en alerte, elles se donnent pour mission d’organiser la fuite des girafes, zèbres et autres résidents du zoo, hors de la ville tenue par les nazis et encerclée par l’Armée rouge.
Longtemps après la fin de la guerre, Sheindel revient à Budapest, et entame une longue quête à la recherche de son amie. En 1995, à Sarajevo, elle poursuit toujours l’ombre d’Izeta…
Malgré les décors d’apocalypse, le nouveau roman de Jean Hatzfeld est à la fois émouvant et plein de vie. L’amitié des deux fillettes, cimentée par leurs relations avec des animaux de toutes sortes, donne au lecteur le sentiment de pénétrer un mystère joyeux.
Herbert Clyde LEWIS : Un gentleman à la mer (Payot et Rivages)
Henry Preston Standish, homme d’affaires et père de bonne famille, contemple un coucher de soleil à bord d’un paquebot quand une simple tache d’huile fait basculer son destin en le faisant passer par-dessus bord, en plein milieu de l’océan Pacifique. Publié en 1937, "Gentleman Overboard" fait partie de ces petits livres oubliés dont la découverte est un plaisir délicieux. Il séduira tout particulièrement les amateurs d’humour noir.
Olivier WEBER : Dans l’œil de l’archange (Calmann-Lévy)
1937, dans la fureur des combats de la guerre civile d’Espagne, Gerda Taro meurt, écrasée par un char républicain. Elle a vingt-six ans. Militante antinazie, Gerda a fui l’Allemagne hitlérienne pour Paris, où elle croise la route, entre autres, d’Aragon, Koestler, Nizan, Man Ray, ainsi que de Robert Capa, qui devient son compagnon. Gerda Taro veut rejoindre le front espagnol, elle pressent que le destin de l’Europe se joue là-bas. Femme libre à la destinée de météore, elle comprend peu à peu, entre espoir et trahisons, que les staliniens profitent des combats pour purger les rangs des républicains. Grande fresque sur la guerre civile espagnole, Dans l’œil de l’archange rend un brillant hommage à une profession fascinante, celle de reporter de guerre, et à une icône du XXe siècle, une femme courageuse et passionnée, pour qui l’engagement primait sur tout.
Didier VAN CAUWELAERT : Un aller simple (Albin Michel) – Prix GONCOURT 1994
"J'ai commencé dans la vie comme enfant trouvé par erreur. Volé avec la voiture, en fait. Une Ami 6 de race Citroën. Alors on m'a appelé Ami 6 en souvenir. Ce sont mes origines, quoi. Avec le temps, pour aller plus vite, c'est devenu Aziz. Mamita, qui est née rom en Roumanie où elle a été stérilisée par les nazis, dit toujours que c'était une mauvaise idée de m'abréger comme ça - d'après elle, les noms qu'on donne, ça déteint. Résultat, dans quelques heures, un attaché humanitaire va me reconduire dans le pays d'où je ne viens pas, mais qui figure sur mes faux papiers: le Maroc. Il est chargé de me réinsérer dans mes racines, comme il dit. Je n'aurais peut-être pas dû lui raconter que j'appartiens à la tribu des hommes gris d'Irghiz, réfugiés depuis la préhistoire dans une cité interdite du Haut Atlas. C'est fou le pouvoir d'une légende quand on décide d'y croire ..." Sur le thème d'une amitié imprévisible, cocasse et poignante, entre un petit délinquant seul au monde et un jeune fonctionnaire idéaliste, Didier van Cauwelaert a écrit une comédie cruelle et tendre où il nous fait partager leurs malentendus, leurs illusions, leurs rêves impossibles et l'énergie de leurs espoirs. De la satire subversive à l'émotion sans fard, l'auteur de Poisson d'amour et d'Un objet en souffrance donne avec ce nouveau roman la plus brillante expression de son talent.
Lydie SALVAYRE : Pas pleurer (Seuil) – Prix GONCOURT 2014
Deux voix entrelacées. Celle, révoltée, de Georges Bernanos, témoin direct de la guerre civile espagnole, qui dénonce la terreur exercée par les nationalistes avec la bénédiction de l’Église catholique contre les "mauvais pauvres". Celle, roborative, de Montse, mère de la narratrice et "mauvaise pauvre", qui, soixante-dix ans après les événements, a tout gommé de sa mémoire, hormis les jours radieux de l'insurrection libertaire par laquelle s'ouvrit la guerre de 36 dans certaines régions d'Espagne. Deux paroles, deux visions qui résonnent étrangement avec notre présent, comme enchantées par l'art romanesque de Lydie Salvayre, entre violence et légèreté, entre brutalité et finesse, portées par une prose tantôt impeccable, tantôt joyeusement malmenée.
Lydie Salvayre a obtenu le prix Hermès du Premier roman pour La Déclaration, le prix Novembre (aujourd'hui prix Décembre) pour La Compagnie des spectres et le prix François Billetdoux pour BW. Ses livres sont traduits dans une vingtaine de langues. Certains ont fait l'objet d'adaptations théâtrales.