Le club lecture, réuni salle Malapert, a sélectionné quelques ouvrages (octobre 2021)

Publié le par universite-d-anchin

(est joint pour chaque ouvrage le résumé de quatrième de couverture).

Sylvain TESSON : Un été avec Rimbaud (Editions des Equateurs)

Puisque l'époque nous assigne à résidence, prenons la fuite et passons l'été à bord du bateau ivre de la poésie : Arthur Rimbaud.
Sylvain Tesson s'attaque au mythe Rimbaud en le sortant de la kermesse biographique et en le dépoussiérant de ses vieux habits de jeune monstre de la poésie : Rimbaud anarchiste, communard, voyou, punk, beatnik, sauvage, avant-gardiste, moderne, trouvère, futuriste... Certes mais surtout Rimbaud, poète.
A ses côtés, Sylvain Tesson marche et traverse les paysages réels ou imaginaires suivant le cap tracé par René Char : « Rimbaud poète, cela suffit et cela est infini » A la vitesse de l'éclair mais aussi avec humour et lucidité, des Ardennes au désert africain Sylvain Tesson en voyageur aventureux perce à jour le voyant monstrueux qui révolutionna la poésie et qui n'avait qu'un ennemi : l'ennui.
Un été particulièrement incandescent où la route est une illumination.

Sylvain TESSON : Sur les chemins noirs (Gallimard et Collection Folio)

Il m'aura fallu courir le monde et tomber d'un toit pour saisir que je disposais là, sous mes yeux, dans un pays si proche dont j'ignorais les replis, d'un réseau de chemins campagnards ouverts sur le mystère, baignés de pur silence, miraculeusement vides.
La vie me laissait une chance, il était donc grand temps de traverser la France à pied sur mes chemins noirs. Là, personne ne vous indique ni comment vous tenir, ni quoi penser, ni même la direction à prendre.

Sylvain TESSON : Vérification de la porte opposée (Libretto)

Vérification de la porte opposée regroupe deux recueils de nouvelles de Sylvain Tesson parus chez Phébus en 2002 et 2004 sous les titres Nouvelles de l'est et Les Jardins d'Allah, mais augmenté de façon significative d'un texte inédit.
Dans cette vingtaine de nouvelles, qu'il décrive la Russie postsoviétique ou le ravage du fanatisme islamique, l'auteur nous parle toujours, avec indulgence, mélancolie et humour, de l'incompréhension entre l'Orient et l'Occident, et plus largement, entre les cultures.
La nouvelle inédite, Les naufragés de l'E19, conte de Noël grinçant, dévoile le cynisme de notre monde. Comme si Sylvain Tesson voulait nous rappeler, sans trop s'en donner l'air, que vivre, où que l'on soit, c'est toujours tomber de haut.

Claire KEEGAN : Ce genre de petites choses (Sabine Wespieser)

En cette fin d’année 1985 à New Ross, Bill Furlong, le marchand de bois et charbon, a fort à faire. Aujourd’hui à la tête de sa petite entreprise et père de famille, il a tracé seul sa route : élevé dans la maison où sa mère, enceinte à quinze ans, était domestique, il a eu plus de chance que d’autres enfants nés sans père.
Trois jours avant Noël, il va livrer le couvent voisin. Le bruit court que les sœurs du Bon Pasteur y exploitent à des travaux de blanchisserie des filles non mariées et qu’elles gagnent beaucoup d’argent en plaçant à l’étranger leurs enfants illégitimes. Même s’il n’est pas homme à accorder de l’importance à la rumeur, Furlong se souvient d’une rencontre fortuite lors d’un précédent passage : en poussant une porte, il avait découvert des pensionnaires vêtues d’horribles uniformes, qui ciraient pieds nus le plancher. Troublé, il avait raconté la scène à son épouse, Eileen, qui sèchement lui avait répondu que de telles choses ne les concernaient pas.
Un avis qu’il a bien du mal à suivre par ce froid matin de décembre, lorsqu’il reconnaît, dans la forme recroquevillée et grelottante au fond de la réserve à charbon, une très jeune femme qui y a probablement passé la nuit. Tandis que, dans son foyer et partout en ville, on s’active autour de la crèche et de la chorale, cet homme tranquille et généreux n’écoute que son cœur.
Claire Keegan, avec une intensité et une finesse qui donnent tout son prix à la limpide beauté de ce récit, dessine le portrait d’un héros ordinaire, un de ces êtres par nature conduits à prodiguer les bienfaits qu’ils ont reçus.

 

Jacques-Olivier BOUDON : Le plancher de Joachim – L’histoire retrouvée d’un village français (Editions Belin)

À quelques kilomètres d'Embrun dans les Hautes-Alpes, sur les bords du lac de Serre-Ponçon, jaillit soudain un château aux allures médiévales, le château de Picomtal. Au début des années 2000, les nouveaux propriétaires effectuant des travaux découvrent, au revers des planchers qu'ils sont en train de démonter, des inscriptions.
Cent vingt ans plus tôt, au début des années 1880, le menuisier qui a monté le parquet dans les différentes pièces s'est confié. L'homme sait qu'il ne sera lu qu'après sa mort. Il adresse un message outre-tombe et parle de lui, de ses angoisses, de sa famille, de ses voisins, faisant revivre une société villageoise confrontée au progrès économique matérialisé par l'arrivée du chemin de fer, mais aussi à l'avènement de la République. Pour autant c'est surtout quand il évoque les secrets des uns et des autres, quand il parle de sexualité, que Joachim Martin s'avère un témoin passionnant des mœurs souvent cachées de son temps.
On dispose de peu de témoignages directs des gens du peuple, mais cette façon de s'exprimer est totalement inédite. Qui plus est ces confessions revêtent un caractère exceptionnel. À travers son témoignage, sur lui même et son village, c'est ainsi toute une époque qui revit.

Isabelle SORENTE : La femme et l’oiseau (J.-C. Lattès)

Lorsque sa fille, Vina, est exclue du lycée pour avoir menacé un camarade, Elizabeth décide de se réfugier avec elle en Alsace chez son grand-oncle Thomas.
Dans cette maison en lisière de forêt, tous trois s'observent et s'apprivoisent. Malgré-nous, pris au piège de combats qu'ils n'ont pas choisis, ils le sont tous les trois : Thomas précipité dans le chaos du front de l'Est; Elizabeth qui ne vit que pour sa fille et son travail; Vina, l'adolescente emportée par une violence qui la dépasse. Bientôt la jeune fille est fascinée par ce grand-oncle qui communique avec les oiseaux et semble lire les pensées.
Ces dons, Thomas les a acquis pendant la guerre. Quand il lui a fallu survivre dans les rangs de l'armée allemande, puis emprisonné au camp de Tambov. Quand il a rencontré le faucon pour la première fois.

Alice ZENITER : L’art de perdre (J’ai Lu). Prix Goncourt des Lycéens 2017

L'Algérie dont est originaire sa famille n'a longtemps été pour Naïma qu'une toile de fond sans grand intérêt. Pourtant, dans une société française traversée par les questions identitaires, tout semble vouloir la renvoyer à ses origines. Mais quel lien pourrait-elle avoir avec une histoire familiale qui jamais ne lui a été racontée ?
Son grand-père Ali, un montagnard kabyle, est mort avant qu'elle ait pu lui demander pourquoi l'Histoire avait fait de lui un « harki ». Yema, sa grand-mère, pourrait peut-être répondre mais pas dans une langue que Naïma comprenne. Quant à Hamid, son père, arrivé en France à l'été 1962 dans les camps de transit hâtivement mis en place, il ne parle plus de l'Algérie de son enfance. Comment faire ressurgir un pays du silence ?
Dans une fresque romanesque puissante et audacieuse, Alice Zeniter raconte le destin, entre la France et l'Algérie, des générations successives d'une famille prisonnière d'un passé tenace. Mais ce livre est aussi un grand roman sur la liberté d'être soi, au-delà des héritages et des injonctions intimes ou sociales.

Marie DARRIEUSSECQ : Pas dormir (P.O.L.)

 « J’ai perdu le sommeil. Je suis retournée sur mes pas, mais il ne me suivait plus. Il s’était séparé de moi, et j’errais dans la nuit ».
Marie Darrieussecq souffre d’insomnie depuis des années, comme beaucoup d’entre nous. Elle raconte dans ce livre l’aboutissement de vingt ans de voyages et de panique dans la littérature et dans les nuits. Vingt ans de recours  parfois désespérés et curieux, parfois très drôles, à beaucoup de remèdes - pharmacopée, somnifères, barbituriques, méditation, exercice physique, tests, chamanisme, recettes et expédients divers… Mais ce livre est surtout hanté par une question  magnifique : «  Qui est-ce qui ne dort pas quand je ne dors pas ? ». Pas dormir est ainsi une autobiographie d’un genre nouveau : raconter « l’autre qui ne dort pas ».  L’auteur mène d’abord l’enquête dans la littérature ( Proust, Kafka, Césaire, Gide etc..). Mais elle nous propose un voyage à travers le monde de l’insomnie : le Rwanda qui est une forme d’insomnie, les arbres sur sollicités qui ne dorment plus à cause de la déforestation, les migrants pour qui ne pas dormir n’a plus de sens, puisqu’ils n’ont plus ni murs ni chambre, espèces vivantes en voie de disparition. Autres êtres qui ont les yeux ouverts. L’insomnie nous éveille ainsi à l’altérité du monde.
De nombreuses photos et reproductions illustrent le récit
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Jean-Christophe RUFIN : Le grand Cœur (Gallimard)

Dans la chaleur d'une île grecque, un homme se cache pour échapper à ses poursuivants. Il évoque sa vie et tente de démêler l’écheveau de son incroyable destin. Fils d'un modeste pelletier, il est devenu l’homme le plus riche de France. Il a permis à Charles VII de terminer la Guerre de Cent ans. Il a changé le regard sur l'Orient, accompagnant le passage des Croisades au commerce, de la conquête à l’échange. Comme le palais auquel il a laissé son nom, château médiéval d’un côté et palais renaissance de l’autre, c’est un être à deux faces. Il a voyagé à travers tout le monde connu, aussi à l’aise dans la familiarité du pape que dans les plus humbles maisons. Parmi tous les attachements de sa vie, le plus bouleversant fut celui qui le lia à Agnès Sorel, la Dame de Beauté, première favorite royale de l’Histoire de France, disparue à vingt-quatre ans. Au faîte de sa gloire, il a connu la chute, le dénuement, la torture puis, de nouveau, la liberté et la fortune. Cet homme, c’est Jacques Cœur. Il faut tout oublier de ce que l'on sait sur le Moyen Âge et plonger dans la fraîcheur de ce livre. Il a la puissance d'un roman picaresque, la précision d’une biographie et le charme mélancolique des confessions.

Metin ARDITI : Rachel et les siens (Points)

Qui est Rachel, enfant qui aimait raconter des histoires, devenue une dramaturge acclamée sur toutes les grandes scènes du monde ?
Avec ses parents, des Juifs de Palestine, elle habite Jaffa au début du XXe siècle. Ils partagent leur maison avec les Khalifa, des Arabes chrétiens. Les deux familles n’en font qu’une, jusqu’à ce que l’Histoire s’en mêle. Conflits religieux, guerres… Dans les tempêtes, Rachel tient bon grâce à l’art, à sa vocation absolue pour le théâtre. Elle organise le monde sur scène, tandis que sa vie est agitée d’amours et de deuils, d’obstacles et d’exils. De Palestine en Turquie, de Turquie en France, elle affronte, intrépide, amoureuse, un monde hostile, créant une œuvre bouleversante.
Un inoubliable portrait de femme.

Hervé LE TELLIER : L’Anomalie (Gallimard) Prix Goncourt 2020

"Il est une chose admirable qui surpasse toujours la connaissance, l’intelligence, et même le génie, c’est l’incompréhension."
En juin 2021, un événement insensé bouleverse les vies de centaines d’hommes et de femmes, tous passagers d’un vol Paris - New York. Parmi eux : Blake, père de famille respectable et néanmoins tueur à gages ; Slimboy, pop star nigériane, las de vivre dans le mensonge ; Joanna, redoutable avocate rattrapée par ses failles ; ou encore Victor Miesel, écrivain confidentiel soudain devenu culte.
Tous croyaient avoir une vie secrète. Nul n’imaginait à quel point c’était vrai.
Roman virtuose où la logique rencontre le magique, 'L’Anomalie' explore cette part de nous-même qui nous échappe.

Djaïli AMADOU AMAL : Les impatientes (Éditions Emmanuelle Collas) Goncourt – Lycéens 2020

Trois femmes, trois histoires, trois destins liés. Ce roman polyphonique retrace le destin de la jeune Ramla, arrachée à son amour pour être mariée à l’époux de Safira, tandis que Hindou, sa sœur, est contrainte d’épouser son cousin. Patience !
C’est le seul et unique conseil qui leur est donné par leur entourage, puisqu’il est impensable d’aller contre la volonté d’Allah. Comme le dit le proverbe peul : « Au bout de la patience, il y a le ciel. » Mais le ciel peut devenir un enfer. Comment ces trois femmes impatientes parviendront-elles à se libérer ?

 

 

 

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